Mon enfant ne mange rien et boude devant son assiette! Je ne sais plus quoi faire!
Article rédigé par Sophie Luszezinski, Educothérapeute
Mon enfant ne mange rien et boude devant son assiette! Je ne sais plus quoi faire!
Nombreuses sont les injonctions quant à l’alimentation. Manger sain c’est important! De quoi nous pousser à des comportements inappropriés vis à vis des enfants pour leur bien être. Il y a quelques semaines, je me suis vue, insister auprès de Clara 3 ans pour qu’elle goutte la salade d’Ebly si elle voulait un autre morceau de croque monsieur. Cela a duré quelques minutes quand finalement elle a pris sa cuillère pour manger quelques grains de blé. Après coup une part de moi s’est sentie honteuse et coupable.
Vous vous demandez peut être la raison pour laquelle une part de moi s’est sentie honteuse et coupable?!
Je voulais à tout prix qu’elle goûte, qu’elle mange autre chose que du pain! J’ai fait fi de ce qu’elle pouvait me dire, quitte à altérer le lien de confiance. C’est alors que je me suis rappelée qu’enfant à l’âge de Clara, j’avais subi des épreuves similaires. Très certainement que pour l’aide maternelle qui m’accompagnait, il était important de manger de tout pour bien grandir et rester en bonne santé. Encore aujourd’hui j’éprouve du dégoût! Quand je vois devant moi un plat de purée avec plein de sauce, j’ai envie de vomir!
Cette histoire vous montre a quel point les événements vécus dans l’enfance peuvent influer nos comportements et faire se répéter des situations malgré nous.
Alors quelle posture avoir face à son enfant qui refuse de manger des fruits et des légumes et / ou bien des morceaux? Comment réagir quand son enfant ne mange rien? Est ce que je dois le faire goûter? Mon enfant a t-il un problème? Est ce qu’il me faut consulter? Ci dessous 3 points clefs pour mieux vivre les repas, répondre à vos questions et en finir avec les rapports de force, le stress et la culpabilité!
Point clef n°1 – Ecoutez le, surtout ne le forcez pas!
Votre enfant repousse son assiette! Il vous dit “non”. Il trie ses aliments. Il vous dit qu’il n’aime pas. Il boude devant son repas. Entre 2 et 3 ans l’enfant prend davantage conscience de ce qu’il ingère et peut avoir peur des nouveaux aliments. C’est une attitude normale dans son développement. Les spécialistes parlent de néophobie alimentaire. C’est très courant chez les enfants de cet âge là.
Favorisez l’écoute … Il ne veut pas manger, ne le forcez pas.
Ne cherchez pas à utiliser le chantage au risque de le bloquer et de créer un problème physique (vomissement, reflux gastrique …) Ecoutez le, votre enfant se sentira respecté et entendu dans ses besoins et le lien de confiance entre vous se verra renforcé . N’essayez pas de feinter, l’enfant pourrait devenir méfiant et refuser tout aliment!
Continuer de lui proposer le même aliment en petite quantité 10 à 20 fois sur plusieurs jours avec un aliment copain, afin qu’il puisse apprivoiser sa texture, sa couleur, sa forme et finisse par le reconnaître. Il se réassurera et gagnera en confiance.
Marie Ruffier Bourdet Ergothérapeute – Formatrice nous invite également à proposer des plateaux repas (entrée, plat, dessert) avec un aliment copain. L’enfant peut alors découvrir à son rythme, faire des va et vient entre le sucre et le salé…
Point clef n°2 – Évitez les généralités, vous pourriez induire un comportement …
C’est régulièrement que j’écoute et j’entends les parents me dirent: “Mon enfant ne mange rien …; ne veut pas manger de légumes …; il n’aime pas les haricots”. Alors je décode avec eux et je les questionne. Vraiment, rien du tout? Aucun légumes? Ne veut pas ou ne peut pas? Il n’aime pas ou il ne connaît pas?
Et souvent comme réponses j’ai:” Il boit son lait le matin et se nourrit de pain, de pâtes et de riz la journée. Il aime les épinards comme légumes…”.
Du fait de nos attentes et de nos exigences nous dramatisons omettant le fait que l’enfant mange ce qu’il peut et ce qui le sécurise.
Faites attention aux termes que vous utilisez (souvent des adverbes) devant vos enfants tels que: tout, toujours, rien, personne, aucun, jamais, partout, tout le temps…
Nous avons tous tendance à déformer la réalité à travers notre langage et faire des généralités qui limitent le champ des possibles et plus ennuyeux induire des comportements chez les enfants qui jusqu’à maintenant n’existaient pas.
S’il vous entend à plusieurs reprises répéter “il n’aime pas les carottes” il se pourrait bien qu’il finisse par ne pas les aimer…
Point clef n°3 – Donnez du sens, cuisinez avec lui, amusez vous!
Plus haut nous avons parlé de néophobie alimentaire, d’avoir peur de cet aliment étranger qui arrive dans l’assiette sans même savoir d’ou il vient. Certains enfants sont plus curieux que d’autres et traversent cette phase plus facilement.
Pour encourager votre enfant et le soutenir, donnez du sens, rendez le acteur, invitez le à venir faire les cours avec vous. Laissez lui le choix des légumes, puis cuisinez ensemble à partir d’une recette qui plait à chacun.
Du jus d’orange pressé, aux carottes rappées, aux gratins de chou fleur transformez les aliments et mélangez les à l’aide d’une spatule ou avec les mains, œuvrez et imaginez ensemble.
Marie Ruffier Bourdet Ergothérapeute – Formatrice conseille aussi de rendre prévisible les menus de la semaine cela apaisera l’enfant qui se sent anxieux.
Si vous ne deviez retenir qu’un point retenez celui-ci:
Le repas est un moment de plaisir. Seul l’enfant peut décider de ce qui est bon pour lui et de ce qu’il va ingérer. Son corps lui appartient. L’enfant ne choisit pas d’embêter ces parents par contre il peut vouloir dire quelque chose à travers l’alimentation. S’il vit des contrariétés, un conflit, l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur, une séparation, un déménagement, une arrivée à la crèche ou à l’école son estomac peut se nouer et refuser tout aliment . Un enfant ne se laissera jamais mourir de faim à moins d’un trouble alimentaire et / ou affectif sévère.
Vous pouvez aussi retenir ces trois points essentiels
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1
Ecoutez le et ne le forcez pas. Continuez de lui proposer les mêmes aliments 10 à 20 fois avec un aliment copain. Vous pouvez essayer le plateau repas.
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2
Évitez les généralités comme tout, toujours, rien, personne, aucun, jamais, partout, tout le temps… et dédramatisez, baisser vos exigences, vos attentes.
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3
Donner du sens, amusez vous, accompagner votre enfant dans son développement sensorielle (le toucher, la vue, l’odorat, le goût, l’ouïe…)
Vous vous demandez certainement ce que devient Clara?
Rassurez vous elle se porte à merveille. J’ai pris soin de m’excuser auprès d’elle et je lui ai fait la promesse de ne plus insister seulement de lui proposer. J’ai changé d’attitude et je sais qu’à l’avenir si c’est trop compliqué pour moi, je passerai le relais.
Par mesure de prévention, si vous observez que votre enfant a des difficultés…
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pour téter,
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refuse le biberon,
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à mettre des aliments dans sa bouche,
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qu’il a des aversions aux morceaux,
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des réflexes nauséeux exacerbés,
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ou encore des vomissements
… sur une période d’un mois entraînant une perte de poids, de croissance, un retard de développement ou encore des problèmes de socialisation, je vous conseille de consulter un professionnel de santé tel qu’un ergothérapeute, un orthophoniste, un kinésithérapeute , un psychomotricien pour être conseillé et accompagner au mieux votre enfant.
* Article inspiré par Marie Ruffier Bourdet Ergothérapeute – Formatrice et Anne-Claire Kleindienst ainsi que Lynda Corazza auteur de l’ouvrage “Petit décodeur illustré de l’enfant en crise”
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